L’influence de l’âge sur les pratiques muséales

Le département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation (DEPS) du ministère de la Culture a publié une étude analysant les comportements des publics des musées français. Menée auprès de 2.300 individus représentatifs de la population française du panel ELIPSS (Étude longitudinale par Internet pour les sciences sociales), l’enquête « Pratiques de visites des Français » administrée en 2018 permet d’observer de manière détaillée les comportements de visite de musée et d’exposition.

Rapport “Visites du musée et d’exposition au fil de l’âge”, rédigé par Nathalie Berthomier et Anne Jonchery

Les autrices de l’étude, Nathalie Berthomier et Anne Jonchery, montrent que la fréquentation des musées et des expositions ainsi que les rapports à la visite évoluent selon l’âge des individus. Pour mener à bien cette recherche, les chercheuses ont utilisé les données du panel ELIPSS produites par le Centre de données de socio-politiques et Sciences Po, dans le cadre de l’équipement d’excellence DIME-SHS (Données infrastructures et méthodes d’enquête en sciences humaines et sociales). Les données ont ainsi permis de souligner les évolutions dans le rythme des visites, les genres de musées visités, les motivations et les freins à la sortie muséale, en fonction de l’âge des visiteur.es.

L’étude utilise des catégories d’âge assez larges pour mettre au jour des pratiques et rapports à la visite muséale propres à 3 classes d’âge que sont :

• La jeunesse (moins de 30 ans)
• Les âges intermédiaires (30-44 ans et 45-59 ans)
• Les âges avancés (60 ans et plus)

Ainsi, les chercheuses analysent que la jeunesse a des comportements de visite spontanée notamment expliqués par le fait que les plus jeunes sont libérés du frein que constitue le prix du billet grâce aux différentes politiques tarifaires en vigueur en France. Cette classe d’âge est plus enclin à faire des visites à l’étranger ou dans d’autres régions françaises. Enfin de même que les seniors et les âges intermédiaires, les jeunes plébiscitent les musées d’histoire et de mémoire, tout en ayant un intérêt fort pour les musées se rapportant aux sciences techniques et à l’industrie.

Les individus d’âges intermédiaires sont la catégorie qui fréquentent le moins les musées et les expositions. Ce contraste avec les autres catégories s’explique par des changements de modes de vie comme les évolutions professionnelles ou la naissance d’enfant qui rendent plus difficile l’absence du domicile et peuvent limiter les sorties. L’étude montre que les parents d’enfants ont tendance à réaliser des visites plus anticipées et organisées. Les parents mobilisent Internet pour préparer les déplacements au musée. Les principales raisons pour les âges intermédiaires de ne pas visiter un musée sont le frein du prix du billet et les difficultés d’accès.

Enfin, les âges les plus avancés ont une pratique de visites soutenues. La moitié des 60 ans et plus ont visité un lieu muséal durant les douze derniers mois contre seulement 35% des 30-44 ans. Si les âges avancés ont une pratique soutenue, cette pratique diminue avec l’avancée en âge. Effectivement, l’âge génère des empêchements physiques à la sortie au musée auxquels vient se conjuguer l’évolution des centres d’intérêt et une sensibilité accrue aux conditions et au confort de visite. Les visites chez les seniors se font à proximité du lieu de résidence, en semaine et en s’informant par la presse, les guides papier et le bouche-à-oreille. Enfin, le genre muséal le plus prisé par les plus âgés est le musée des Beaux-arts.  

Pour conclure, cette étude atteste des disparités dans les pratiques de visites et des besoins différents selon l’âge des visiteur.es. Ces résultats confirment l’importance pour les politiques publics et pour les institutions muséales de prendre en compte les pratiques distinctes des publics, et ainsi d’adapter la communication, l’accueil et l’accompagnement pour répondre aux besoins de chaque groupe d’âge et proposer des services adaptés pour améliorer l’expérience de visite de chacun.e.

Pour en savoir plus le lien de l’étude est disponible ici

Photo de Ian Dooley disponible sur Unsplash 

par Sami Dendani,

ingénieur d’études, Observatoire des publics et des pratiques de la culture