APPEL A CARTES : Le front de mer marseillais
Que peut nous dire le dessin, que les mots n’arrivent pas à transmettre ?
Il y a dix ans nous faisions partie de l’équipe de recherche Publics et pratiques culturelles dans une Capitale européenne de la culture –Marseille Provence, qui travaillait sur le déploiement de l’événement dans la ville et sur la transformation de l’espace urbain qui y était lié. A l’époque, lorsqu’on demandait à nos interviewés de « dessiner Marseille », le secteur nord restait blanc, vide, voire n’apparaît pas dans le périmètre de la feuille.
La cartographie sensible comme méthode
Aujourd’hui, alors que nos enquêtes nous ont amenées à retourner sur ce terrain, au cœur des grandes opérations d’aménagement urbain engagées dans le cadre d’Euroméditerranée depuis les années 90, nous avons décidé d’ouvrir conjointement un nouveau volet d’enquête : celui d’une cartographie sensible des lieux, qui s’appuie sur des méthodes d’analyse à la croisée entre la géographie, l’anthropologie, la sociologie, l’urbanisme. Au premier semestre 2023 nous avons lancé un premier appel à cartes, dont l’analyse exploratoire a été présentée au colloque Drawing from memories, tenu le 15 septembre 2023 à l’Université Panthéon-Sorbonne. A cette occasion, nous renouvelons l’appel afin de poursuivre dans l’investigation de cet espace et faire émerger la place de la mémoire, des projections dans l’avenir qui y sont liées. Le propos est de sillonner, à travers le dessin, combien les centralités culturelles et commerciales pensées par un modèle urbain, perçu comme étant davantage traversée que vécu, se glissent vers un espace de production collectif qui contourne et dépasse les objectifs tracés par ces politiques urbaines déployées durant les trente dernières années.
Comme l’explique la géographe Elise Olmedo, la carte sensible « utilise en symbiose les méthodes de la géographie, de l’anthropologie, de la sociologie et de l’art. La carte classique, qui reste un des outils les plus importants du géographe, s’adapte mal à une démarche qui donne autant de place à l’émotionnel. La carte sensible est donc une des possibilités nouvelles, une des pistes de recherche pour faire du nouveau en géographie et en cartographie »[1].
Le dessin ne demande pas de compétences particulières, est accessible à tout le monde et peut représenter un puissant déclencheur de parole.
A vous le stylo !
Vous habitez, vous travaillez ou vous fréquentez régulièrement le littoral nord de Marseille ? (entre le fort Saint Jean et Arenc le Silo). Pour participer à l’enquête, dessinez l’espace que vous fréquentez (toute l’aire indiquée ou une portion) et n’hésitez pas à indiquer vos usages de l’espace, vos pratiques, ce que vous aimez et ce que vous n’aimez pas de cette zone de Marseille.
Voici quelques exemples : « Ici je vais manger avec mes collègues », « Sur cette route je passe des heures dans les embouteillages », « Superbe point de vue », « Ici ça craint la nuit », « J’y vais avec les enfants », « Mon arrêt de bus »…
Envoyez vos cartes, réalisées dans la technique que vous préférez, en format JPG à observatoire-publics@univ-amu.fr avant le 10 octobre 2023
par Maria Elena Buslacchi et Elisa Ullauri-Lloré
post-doctorantes à l’Observatoire des publics et pratiques de la culture
MESOPOLHIS, Aix-Marseille Université
[1] Cartographie sensible, émotions et imaginaire, Visioncarto, URL : https://visionscarto.net/cartographie-sensible#:~:text=La%20%C2%AB%20carte%20sensible%20%C2%BB%20est%20une,sociologie%20et%20de%20l’art.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Maria Elena Buslacchi (18 septembre 2023). APPEL A CARTES : Le front de mer marseillais . Public(s) ISSN 2553-5722. Consulté le 24 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/t2a8